Pour bien démarrer ce mois de septembre 2023, nous avons le grand plaisir de vous présenter une belle interview d’Alain Sakhowsky (à gauche sur l’image de Une, en compagnie du docteur en psychologie et maître de conférence à l’ULB, Ilios Kotsou, également chercheur à l’Ecole de Management de Grenoble). Affable et abordable, nous avons pu aborder de nombreux sujets le concernant, car nous trouvions que pour une personnalité du Shiatsu il était bien discret. Trop ? C’est pourtant le président de l’une des principales fédérations de Shiatsu françaises qui mérite à être connu. Mais c’est sur les questions qui touchent au Shiatsu qu’il a pu parler à cœur ouvert et ses propos sont très intéressants et profonds. Belle lecture à toutes et à tous !
Ivan Bel : Bonjour Alain, merci de prendre le temps de répondre à cette interview. Cela fait longtemps que j’entendais parler de vous, car vous faites partie du paysage du Shiatsu français et êtes le président fondateur de la Fédération Française de Shiatsu Masunaga (FFSM). Alors pour commencer, j’aime bien savoir d’où sont natifs les gens. Pourriez-vous me dire dans quel coin vous êtes né et quels souvenirs vous en gardez ?
Alain Sakhnowsky : Je suis d’Ukraine du côté paternel et pied-noir d’Algérie du côté de ma mère. Ma mère était infirmière psychiatrique et mon père était chef d’orchestre à Sidi Bel Abbès[i]. Ils divorcèrent l’année de mes 3 ans. Mon beau-père était mécanicien dans l’aviation. Mais cette période algérienne s’est arrêtée pour les raisons que vous savez. J’avais 7 ans lorsque nous avons été rapatriés en France, en 1961. J’en garde un merveilleux souvenir.
Je passe rapidement à ce qui m’a motivé lorsque j’étais adolescent en France, à l’âge de 14-15 ans : le Judo. Très vite et par extension je suis devenu passionné par tout ce qui touchait au Japon. Je m’entraînais beaucoup et j’ai atteint un niveau national en compétition. En 1979, vers 21 ans, des judokas japonais m’initièrent aux bases du Shiatsu, mais un Shiatsu extrêmement douloureux. Cela se faisait sans aucune théorie (nous n’étions pas là pour çà ! ).
Alors, cela m’intéresse d’en savoir plus sur ces initiations par le biais du Judo.
En fait dans le cadre de la Fédération Française de Judo et Disciplines Associés (nom de la FFJ à l’époque), nous étions initiés aux kutasu[ii] : un ensemble de procédés dérivant de plusieurs techniques chinoises et japonaises de réanimation. On utilise le massage, les pressions, les percussions, etc… En compétition nous utilisions des étranglements et des clefs qui, dans le feu de l’action, furent parfois exagérées et donc soulagés par ces techniques. Au plan historique, les techniques de kutasu ont longtemps été gardées secrètes au Japon.
J’ai trouvé cela formidable, alors ils ont commencé à me parler d’énergie, de Ki qui circule, et qu’il existait une technique très pratique pour cela, le Shiatsu. J’ai observé ce qu’ils faisaient, mais sans aucun cours précis. J’ai donc reproduit leurs gestes, mais ce n’était que des gestes. Il n’y avait pas de compréhension. Il a fallu que je me forme plus profondément par la suite.
Je sais que cette technique issue du Judo est devenue ce qui s’appelle désormais de la Judo thérapie. J’en ai reçu au Japon et je peux confirmer que c’est très douloureux. Du coup, quel terme utilisaient-ils l’époque dans les années 70 ?
Ah, je me souviens qu’ils disaient Shiatsu. Le terme de Judo thérapie[iii] n’était pas utilisé ; ils avaient sans doute suivi une formation en Shiatsu.
A quel moment alors vous êtes-vous formé plus sérieusement au Shiatsu ?
Il y a 30 ans, un ami de longue date – Roland San Salvador – qui pratiquait le bouddhisme avec moi, était directeur technique de la Fédération Française de Shiatsu Traditionnel (FFST) à Paris, et était élève direct de Nakazono senseï[iv]. Il enseignait un Shiatsu très strict, pratiquement militaire. Je me suis donc formé auprès de Roland puis, par la suite, une fois certifié en Shiatsu Masunaga, j’ai commencé à pratiquer en marge de mon activité principale qui était de tenir des restaurants. Et depuis 20 ans je pratique exclusivement le Shiatsu de manière professionnelle.
Quels souvenirs gardez-vous de cet enseignant ?
Roland San Salvador est malheureusement décédé. Un professeur extrêmement érudit. J’en garde un très bon souvenir.
Il n’enseignait pas strictement le Shiatsu Masunaga. Il appelait ça Shiki Shin Do. A l’époque je ne connaissais pas grand-chose. Ce n’est que par la suite que j’ai réalisé qu’il avait intégré dans ses cours l’enseignement de Shizuto Masunaga.
Avez-vous fait d’autres formations également ?
Oui, car par ailleurs, j’ai reçu les enseignements de maître Leung Kok Yuen[v] pendant 3 ans (NDR : en médecine chinoise). Mon Shiatsu est devenu beaucoup plus clair et plus thérapeutique. Par la suite, j’intégrai un centre de médecines douces. J’étais payé 15 euros la séance… Pour faire face aux différentes factures, j’exerçais en moyenne 8 à 9 Shiatsu par jour, 7 jours sur 7. Et là j’ai réalisé qu’à cette cadence, le Shiatsu que je pratiquais était impraticable, notamment parce que j’en ressortais complètement épuisé et perclus de douleurs. Je perdais aussi ma motivation et mon enthousiasme.
Qu’avez-vous fait alors pour vous en sortir ?
Hé bien j’ai changé ma pratique, en faisant moins de manipulations, d’étirements, en me concentrant sur une base plus stable, plus sereine. J’ai davantage intégré la médecine chinoise dans mes séances. Sans suivre de formation, je me suis inspiré de quelques principes du Shiatsu Kuretake[vi] J’ai compris l’importance de tenir compte de la fatigue du donneur qu’il ne soit pas non plus une éponge. Si bien qu’aujourd’hui, lorsque je fais 5 ou 6 séances, je suis plus en forme à la fin de la journée qu’au début.
Le point primordial est la bonne conformation des doigts de la main et du pouce. Les pressions perpendiculaires seront efficaces par de bonnes postures et l’utilisation du poids du corps. La respiration se doit d’être profonde tout le long de la séance. Il s’agit d’un aspect essentiel pour obtenir de bons résultats et être un bon praticien.
A cela, il faut également savoir moduler son traitement par rapport au type de patient et ne pas faire de systématique.
La médecine traditionnelle chinoise n’est pas du prêt-à-porter, mais de la haute couture.
J’ai donc trouvé un moyen d’augmenter mon énergie vitale plutôt que de la dépenser. Cette transformation qui m’a permis de comprendre beaucoup de choses m’a aussi permis de devenir enseignant. J’ai aussi davantage axé mon travail sur l’Ampuku et les points Shu antiques.
J’ai aussi mis au point une nouvelle réflexologie que j’ai appelée Réflexologie « Masunaga ». Même si Shizuto Masunaga ne pratiquait pas de réflexologie, elle est basée sur son enseignement et son esprit. C’est une réflexologie plantaire, qui agit donc sur les pieds en relation avec des parties du corps, mais enrichie d’une action sur les méridiens et points importants des pieds et jambes, mains, tête, et surtout l’ampuku, véritable diagnostic-thérapie du ventre.
Cela me fait penser que je suis passé aussi par cette phase de douleurs dans une pratique intensive et que j’ai dû revisiter toute ma posture et les gestes, millimètre par millimètre, ce qui m’a pris quelques années. Du là surgit une question plus philosophique : est-ce qu’on apprend le Shiatsu ou est-ce qu’on est appris par le Shiatsu ?
Quelle merveilleuse question ! D’abord, au commencement, on apprend le Shiatsu. C’est un peu comme un peintre qui a appris les théories et la technique. Ensuite, avec l’expérience, il intériorise tout cela. Il utilisera toujours la technique et les théories, mais son intuition, sa concentration, sa bienveillance, son ouverture se seront développées.
Il accédera à l’art.
À ce moment-là, c’est le Shiatsu qui nous enseigne ce que l’on doit apprendre. Il n’y a plus une personne qui donne et l’autre qui reçoit. C’est un échange pendant lequel nous recevons autant que nous donnons. Parfois nous recevons plus…
Je partage avec vous cette citation de Shizuto Masunaga : « La sympathie et la compassion pour le patient sont très importantes en diagnostic oriental. Le diagnostic par le toucher est une affection maternelle envers le patient pour sentir sa douleur. Cela signifie que vous n’êtes pas en train de traiter le problème du patient, mais plutôt de partager sa peine. Il est important que vous vous souveniez de cela quand vous donnez un Shiatsu pour ne pas réduire le traitement à une technique manuelle superficielle. »
C’est tellement juste. C’est aussi à ce moment-là que vous avez fondé votre propre fédération si je ne me trompe, c’est bien ça ?
Oui, car pour enseigner et certifier mes formations ainsi que celles des autres professeurs ultérieurs, il fallait que je sois membre d’une organisation officielle. Mais il y avait de telles luttes de pouvoir et guerres de clochers que cela m’a découragé. J’ai alors décidé de créer la Fédération Française de Shiatsu Masunaga et Disciplines Associées (FFSMDA), dont le but est d’apporter plus d’humanité dans notre société grâce au Shiatsu et toutes formes de disciplines associées. Sous le nom de la fédération nous avons d’ailleurs mis cette citation de Confucius : « le piètre praticien soigne la maladie, le bon praticien soigne le malade, l’excellent praticien soigne la société ». C’est donc l’esprit que j’essaye d’avoir, même si j’ai encore beaucoup de chemin à faire : développer plus de bienveillance…
À la demande de plusieurs professeurs et praticiens, j’ai aussi créé ma propre école, agréée par l’État. Depuis plusieurs années les praticiens qui en font partie exercent officiellement dans le groupe hospitalier Hartmann–Ambroise Paré, le plus important d’Ile de France.
Nous sommes aussi reconnaissants d’avoir été choisis pour la campagne internationale « Octobre Rose » (sensibilisation et prévention du cancer du sein) afin de représenter le Shiatsu.
Dans une interview vous avez dit que « tout ce que l’on a appris vient enrichir notre Shiatsu ». Cela signifie-t-il qu’il faut avoir vécu avant de pratiquer le Shiatsu ?
J’ai vu des élèves très jeunes devenir de bons praticiens, donc ce n’est pas tant lié à l’âge de l’étudiant qu’à son expérience de la vie et être passé par certaines épreuves également. Si l’on ne connaît les choses qu’intellectuellement cela ne va pas bien fonctionner, alors que si on a vécu dans son corps certaines douleurs, des déchirures, des problèmes de santé, on aura peut-être plus de chances de se sentir concerné par le patient, se sentir en relation avec lui, en empathie. Donc l’expérience de la vie, oui, cela compte. Par exemple, si on a vécu une dépression on sera sans doute plus à même de comprendre un patient qui souffre moralement. La personne sentira que ce que vous dites et faites ne sort pas juste d’un livre, mais que c’est du vécu. Sans parler de soi évidemment…
Ce qui m’intéresse aussi dans votre parcours c’est la rencontre avec le Bouddhisme et la spiritualité que vous mettez dans votre pratique. Pouvez-vous m’en dire plus ?
En effet, j’ai fait partie d’une organisation bouddhique pendant plus de 30 ans.
Aujourd’hui j’utilise toujours ces enseignements, mais sans nécessairement intégrer un groupe. Je me concentre sur la méditation, mon évolution humaine. Et l’ouverture aux autres. Je cherche juste à devenir une meilleure personne. Ne pas rester centré sur soi, avoir plus de bienveillance, ouvrir son écoute, voilà ce qui me motive dans ma pratique et mon enseignement. Et le Shiatsu m’apprend cela.
Est-ce que le Shiatsu n’est pas une continuation physique de la méditation dans ce cas-là ?
Absolument. Pour moi c’est une méditation à deux. C’est à la fois un outil de connaissance de soi, qui me permet de sentir le Qi dans mon corps, d’être plus conscient de la vie qui circule en moi. Et cela – je le sens bien – c’est grâce au travail postural, à la respiration, mais aussi au travail sur l’esprit : je suis régulièrement confronté aux limites de ma bienveillance, ma compréhension, ma concentration ; ce qui me conduit à développer tout cela…
La médecine chinoise permet de mieux connaître la vie dans toutes ses manifestations, d’acquérir une vision de l’univers et, en définitive, de régler le cœur de l’Homme, afin qu’il devienne meilleur. Il ne s’agit pas d’un savoir, mais d’une Voie sur laquelle on chemine avec la totalité de soi-même.
Dans la définition officielle du Shiatsu, il est dit que le diagnostic se fait en même temps que la pression. Avec 35 ans d’expérience, est-ce que vous utilisez toujours les 4 étapes du diagnostic oriental ou bien ce n’est plus la peine, vous mettez les doigts et c’est parti !?
Pour moi cela reste indispensable. Tout d’abord parce que cela ouvre un espace humain dans la relation à l’autre. Il faut penser que ce n’est pas évident pour une personne d’arriver chez un inconnu, de s’en remettre à lui. Il y a toujours une forme d’appréhension. Donc ce moment va rassurer et montrer le professionnalisme du praticien.
À mon avis il est fondamental de créer un lien, un climat d’amitié, de confiance
Mais il y a un autre volet : il est vraiment passionnant de chercher à identifier les déséquilibres de la personne. Comme un détective…
Et puis c’est toujours une grande leçon d’humilité aussi. On regarde le Shen des yeux, on observe la peau, le ton de la voix, la posture. On enregistre toutes ces orientations et bien d’autres, mais jamais on n’en tire de conclusion définitive. À cela s’ajoutent le dialogue, les questions, et nous allons avoir des indications, des pistes. Un peu comme si l’on regarde le fond de l’eau, à l’extérieur. On s’enfonce ensuite, comme dans un lac : c’est le diagnostic de la palpation, le travail sur le corps qui apportera la confirmation ou l’infirmation de ce que l’on a imaginé jusque-là. Surtout avec l’Ampuku et les points Shu dorsaux.
Parfois on est perdu, on ne comprend rien à ce qui se passe. Et c’est une bonne leçon aussi. D’ailleurs, la question se pose : comment en une vie peut-on apprendre 3000 ans d’observation?… Eh bien on ne peut pas ! On peut juste acquérir des outils et faire de son mieux pour aider les autres. C’est d’ailleurs pour cela que je n’aime pas trop la notion de maître. Nous sommes tous élèves sur le chemin, tout débutants. Elèves de la vie. Et ce n’est pas une formule pour faire joli. A chaque personne qui vient, on remet l’ouvrage sur le métier, encore et encore. Chaque personne est un pays inconnu, différent, à explorer.
Je suis 100% d’accord avec vous. Celui qui prétend savoir ou qui juge immédiatement est condamné à ne pas avancer. Parlons à présent de votre organisation. Vous êtes le fondateur et président de la FFSMDA qui est aujourd’hui l’une des fédérations françaises de Shiatsu avec une centaine de membres c’est ça ?
Ah non, maintenant nous sommes environ 500. Et le siège est à Saint-Nazaire.
Ah pardon, mes informations sont un peu anciennes apparemment. Pourquoi avoir créé cette fédération ? Quel est le sens de cette création étant donné qu’il y avait déjà d’autres organisations ?
Pour proposer des formations certifiées, il me fallait faire partie d’une organisation quelconque. Ouverte à un nouveau style de Shiatsu. Je ne l’ai pas trouvée.
J’ai donc créé une fédération qui intègre tout style de shiatsu, sans « mise à niveau », qui accepte même d’autres pratiques si le praticien ou professeur exerce dans l’esprit de celle-ci : dispenser davantage d’humanité.
Autre raison : permettre aux étudiants de cette fédération d’avoir une reconnaissance de leurs études.
Pour conclure cette interview, auriez-vous un message que vous voudriez faire passer aux praticiens et étudiants de Shiatsu ?
Oui, garder toujours en soi le doute. Le fait de ne pas être sûr et certain d’avoir la solution. C’est cela qui nous fait progresser constamment. C’est comme pour un torrent. Tant que l’eau coule, elle est pure et claire. Le jour où l’eau commence à stagner, il se forme de la boue, celle de l’arrogance notamment. Donc tant que l’on se pose des questions, qu’on cherche, qu’on se remet en cause, alors on est dans la bonne direction.
Merci beaucoup pour ces mots et votre temps. Belle continuation et au plaisir !
Avec plaisir. Merci à vous.
Notes
- [i] Siddi Bel Abbès est située à 82km au sud d’Oran en Algérie. Voir sur une carte.
- [ii] Les sappo sont des techniques pour tuer son adversaire et les kappo ou kuatsu sont des techniques de réanimation. Une grande partie des kuatsu ont été repris par les Américains après la Seconde Guerre mondiale pour en faire ce qu’on appelle les techniques de premier secours. Pour en savoir plus, lire le livre d’Henri Plée « L’art ultime et sublime des points vitaux » et « l’art ultime et sublime des points de vie » avec FujitaSaiko, chez Budo Éditions.
- [iii] La Judo thérapie est une forme mixte entre le massage, les pressions et la chiropractie. Elle se réfère au chapitre 18 du plus vieux livre de médecine japonais, l’Ishin-po, dans lequel on parle des traitements pour les fractures, dislocations, foulures, entorses, etc. Mais le livre de base de la Judo thérapie moderne date de 1746. Rédigé par Hoyoku Takashi, le titre est « Sekkotsu » ou « remise en place des os ». La Judo thérapie fut abolie et interdite en 1894 pendant l’ère Meiji, et ce sont les efforts de Jigoro Kano (fondateur du Judo) qui permettent de restaurer cette technique et la rendre légale à nouveau en 1920. Il faut donc comprendre que ce nom n’était pas utilisé avant la création du Judo, et que cette technique portait probablement un autre nom dans le cadre du Ju-jitsu, ancêtre du Judo.
- [iv] Pour en savoir plus sur Nakazono senseï, lire l’interview de Michel Odoul qui fut aussi un de ses élèves en même temps que Roland San Salvador. Lire aussi l’article « Ces maîtres d’Aïkido qui ont diffusé le Shiatsu ».
- [v] Le Dr Leung Kok Yeun fut l’héritier d’une tradition familiale de médecins chinois dont il fut de la 15e génération. Il fuit la révolution culturelle en 1970 pour s’installer au Canada où il obtient la toute première licence d’acupuncteur du pays. Il a formé de très nombreux praticiens dont certains en France sont des enseignants connus tels Jean Pelissier ou Patrick Shan. Il décède en 2013 à l’âge de 90 ans. Pour en savoir plus, lire sa biographie ici.
- [vi] Pour en savoir plus sur le style Kuretake, lire l’interview de Okamoto senseï.
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